Le Centre de promotion des exportations (Cepex) met le cap sur une nouvelle dynamique pour l’export et dévoile son projet de restructuration.
C’est lors de la 3e édition des matinales de l’export qui s’est tenue, récemment, à l’occasion du 50e anniversaire du Cepex, que le P.-d.g Mourad Ben Hassine a dévoilé les orientations qui définissent les contours de la nouvelle mission du centre.
L’événement, qui a rassemblé les intervenants de l’écosystème de l’export, était une occasion de mettre en avant et de communiquer sur les chantiers phares du centre, sa vision et ses futures missions. Parmi les principaux projets structurants sur lesquels s’est actuellement penché le Centre, Ben Hassine a cité la restructuration du Cepex, la refonte du Foprodex, les divers projets de digitalisation des services ainsi que le redéploiement des représentations commerciales.
Le responsable a, en ce sens, ajouté que la refonte du Cepex s’articule autour de quatre axes stratégiques, à savoir le volet juridique, l’axe organisationnel, la partie technique qui s’intéresse aux métiers du Cepex et l’axe commercial. Dans le cadre de cette refonte, 16 projets structurants ont été identifiés. Il s’agit notamment de la refonte du portail du Cepex, l’acquisition d’un CRM (Customer Relationship Management) qui permettra au Centre d’être à l’écoute de l’écosystème, les projets de digitalisation, entre autres, la digitalisation des services du Foprodex et la mise en place d’une plateforme digitale pour les sociétés de commerce international.
La promotion n’est qu’une chaîne de valeur
De son côté, Mounir Ghazali, associé à EY, chargé de l’activité conseil pour le gouvernement et le secteur public, a axé son intervention sur l’étude de restructuration du Cepex que le bureau est, actuellement, en train de mener. Cette refonte devra permettre au centre de se doter d’une nouvelle mission, en l’occurrence le développement au lieu de la simple promotion des exportations. Selon Ghazali, il ne s’agit pas d’une nouvelle mission à proprement parler, puisque dans les statuts fondateurs du Cepex qui datent des années 70, le développement des exportations a été bien indiqué en tant qu’objectif. Mais la promotion des exportations était un objectif qui primait sur tous les autres parce qu’il s’agissait d’une demande émanant de l’écosystème, alors qu’elle n’est un seul maillon d’une chaîne de valeur qui commence par l’intelligence économique et se termine par le Go To market. « Jusqu’à maintenant, le Cepex s’est beaucoup concentré sur la promotion. Certes, il y a eu des tentatives en matière de préparation des exportateurs, d’intelligence économique et de commercialisation, mais la mission ne s’est pas élevée au niveau d’un service pérenne, stable et connu par l’ensemble des acteurs de l’écosystème », a indiqué Ghazali dans une déclaration accordée à La Presse.
Stratégie 2025 : objectifs et défis
Il a ajouté que la stratégie 2025 du Cepex vise à doter le Centre de nouveaux moyens, services et compétences à même de lui permettre de pouvoir jouer ce rôle de développement des exportations. « Notre accompagnement a été engagé par le Cepex pour élaborer le plan de restructuration. Après, il va falloir passer à la mise en œuvre que EY est prêt à accompagner », a-t-il précisé.
Interrogé sur les défis que le Cepex est appelé à relever pour réussir ce nouveau pari, Ghazali a expliqué que plusieurs actions doivent être dans le collimateur. Tout d’abord, le Centre doit bénéficier, selon l’expert, de davantage de flexibilité, en termes d’autonomie financière et de gestion de ses propres opérations. «Aujourd’hui, le statut du Cepex ne lui permet pas cette flexibilité. Donc, il faut que le Centre avec son conseil d’administration puisse prendre des décisions concernant l’organigramme, la grille des salaires et les marchés cibles, plutôt que de rester dépendant de l’autorité de tutelle », a-t-il poursuivi. Pour l’expert, la deuxième principale action porte sur l’affectation des ressources du Centre qui doivent être orientées plus vers les activités front office. « Actuellement, 60% des ressources des équipes du centre sont plutôt affectées à des activités qui sont back ou middle office. Les 40% restantes sont dans des activités front office. Il faut hisser ce taux à 80% car il faut être au service des exportateurs, en se focalisant sur la commercialisation et la prospection sur les marchés ciblés. C’est-à-dire que le centre de gravité du Cepex doit être à l’international. On doit avoir beaucoup plus de RCT à l’international basées sur nos marchés cibles », a-t-il noté.
Pour étayer ses propos, l’expert a cité, en ce sens, l’exemple de l’organisation danoise homologue du Cepex. « Je prends l’exemple de l’organisation équivalente du Cepex au Danemark. 30% seulement de ses employés travaillent dans le siège et 70% d’eux sont actifs à l’international sur les marchés cibles, en Europe, Amérique du Nord, Amérique latine et Asie. Donc, si le Cepex veut miser sur le développement des exportations, il faut lui donner les moyens et la flexibilité nécessaires pour se transformer », a-t-il conclu.
Pour une mission renforcée
Evoquant le développement des exportations comme nouvelle mission et priorité du Cepex, Mourad Ben Hassine, p.-d.g du Cepex, a fait savoir qu’une cellule “ intelligence marché” verra le jour. Elle devrait assurer la veille et la prospection des marchés porteurs grâce à des analyses scientifiques. Elle œuvrera, également, à la préparation et l’accompagnement des entreprises afin de les propulser sur le marché international.
«C’est un travail qui est effectué tout au long de la chaîne de valeur de l’export qui va permettre au Cepex d’être présent en front office beaucoup plus qu’en back office pour que l’accompagnement des entreprises soit de façon efficace et efficiente à la fois», a-t-il précisé. Le responsable a, par ailleurs, indiqué que le Centre compte renforcer sa représentation commerciale sur le marché subsaharien. Le Cepex qui, à ce jour, dispose de 5 représentations, prévoit l’ouverture d’une sixième à Dakar et, probablement, une autre verra le jour.
En effet, selon les recommandations d’une étude mandatée par le Centre, un nombre de 7 représentations sur l’Afrique subsaharienne permettra d’avoir une diversification des marchés destinataires du moment où la Tunisie est membre des zones de libre-échange africaines, en l’occurence le Comesa et la Zlecaf. «Tous ces éléments vont devoir améliorer la présence des produits et services tunisiens sur le marché d’Afrique subsaharienne», a-t-il conclu.
M.S.